la horde démoniaque chapitre 23 - le lézard artificieux

UNE AVENTURE DE LOUP ARGENTÉ

LA HORDE DÉMONIAQUE

chapitre 23

Le lézard artificieux



La créature finit par s'approcher. elle est énorme. Un Reptile des Marais
d'une espèce inconnue, mesurant près de cinq mètres de la pointe du museau à
l'extrémité de la queue et plus de deux mètres de haut à l'épaule. Son corps puissant
est cuirassé de luisantes écailles vertes qui le rendent pratiquement invisible dans
son environnement. La gueule entrouverte laisse apparaître des crocs de dix
centimètres de long, et les courtes pattes antérieures sont armées de redoutables
griffes encroûtées de boue. La lourde tête pivote lentement de droite à gauche,
cherchant sa proie. Des paupières nictitantes blanches voilent spasmodiquement les
yeux.
Loup Argenté a le choix. Même avec une épée, une lance, un arc, des flèches et une
solide armure, le courageux Barbare aurait probablement peu de chances de
survivre à un tel affrontement. En a-t-il une seule, armé seulement d'un gourdin de
fortune ? Il n'y a rien de déshonorant à esquiver un combat par trop inégal. D'autre
part, le tempérament de Loup Argenté l'a toujours poussé à attaquer. En
l'occurrence, il est libre de choisir l'une ou l'autre solution.
Ce marécage porte sur les nerfs de notre barbare du désert qui, tous comptes faient, décide de se défouler sur ce lézard géant ; et puis il a grand faim, et le lézard rôti, c'est excellent ! Alors, il fonce !
Le cri de guerre du Désert retentit dans les étendues détrempées des marécages,
lorsque Loup Argenté se jette sur le monstre en abattant son gourdin sur la gueule
béante. Un joli coup, bien calculé et bien dirigé. Loup Argenté le sent avec son
expérience de combattant, au moment où se détend toute la puissance de son corps
athlétique. Le gourdin frappe juste. Et manque son but !
Entraîné par son élan, Loup Argenté fait un demi tour sur lui-même et trébuche.
Mais il se ressaisit vite. Le monstre aurait-il bougé ? On ne l'aurait pas dit.
Loup Argenté  frappe à nouveau. Cette fois, il n'y a plus aucun doute. Il a vu de ses
yeux la lourde branche traverser le corps de la créature comme si celle-ci n'avait
aucune consistance. Avec un hurlement de stupeur et de rage, Loup Argenté frappe
une troisième fois... et le monstre disparaît Pendant un instant. Loup Argenté,
abasourdi, reste pétrifié. Et puis, un léger mouvement, près de son pied, lui fait
baisser les yeux. Une réplique en miniature de la créature, mesurant moins de vingt
centimètres de long, se faufile vers lui. Il pourrait laisser vivre le petit Lézard, mais
un instinct aveugle lui fait abattre son gourdin. LA créature l'esquive avec agilité, et
une décharge d'énergie mentale explose silencieusement dans le cerveau de
Loup Argenté.
Qu'il mesure vingt centimètres ou cinq mètres, l'être qu'affronte Loup Argenté est
authentiquement un monstre, peut-être l'hôte le plus dangereux des Marais de
la vallée de Voltan. La nature a doté le venimeux Lézard Artificieux d'étranges et redoutables
pouvoirs.
Notre barbare sent des griffes mentales tenter de déchirer son marteau, des flashs de lumière blanche dansent devant ses yeux. Il reste tétaniser dix secondes, puis son instinct animal reprend le dessus, l'incitant à se jeter sur le côté gauche en roulant-boulant, évitant ainsi de justesse la piqûre de la queue de petit monstre.
Se relevant promptement, il regarde par terre autour de lui, ses yeux brillent d'une lueur meurtrière. Il n'aperçoit nulle part la petite vermine... Il tient son gourdin à deux mains, près à l'abattre avec force. Un frôlement sur son épaule gauche le fait tressaillir et se retourner déjà en position de combat. Le petit lézard est à ses pieds et tente de se remettre sur ses pattes. Il a dû contourner notre héros en escaladant les arbustes environnant et sauter de branches en branches pour, une fois positionner, sauter à la nuque du barbare. Mais sa chance l'a abandonné et le voilà vulnérable, car son mauvais saut lui a fait très mal et il n'arrive plus à projeter d'assauts mentaux.
Poussant un cri de triomphe, Loup Argenté abat son gourdin et écrabouille le lézard artificieux qui de facto se transforme en un petit tas de gelée tremblottante où surnagent des bouts d'écailles en miettes.